Николай Валентинович Одинцов "Contes de l'empire Primorskoie tsarstvo"

Si vos enfants refusent d'aller se coucher et exigent un conte de fées, vous commencez alors à vous rappeler frénétiquement quel était le nom de ce prince sur le cheval et ce qu'il a fait là-bas. On ne peut pas se souvenir de tout et pas toujours, et alors votre conte de fées naît, un nouveau, pas comme celui que vos parents vous lisaient la nuit lorsque vous étiez enfant. Et, dans ce livre, Ivan a un cheval magique, il trouve une épée magique, rencontre une princesse, vainc les ennemis de l'État, le sorcier maléfique, le Serpent Gorynych. Des histoires extraordinaires vous attendent, elles ont le goût des contes populaires russes et en même temps elles sont différentes.

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update Дата обновления : 19.12.2023

Contes de l'empire Primorskoie tsarstvo
Николай Валентинович Одинцов

Si vos enfants refusent d'aller se coucher et exigent un conte de fеes, vous commencez alors ? vous rappeler frеnеtiquement quel еtait le nom de ce prince sur le cheval et ce qu'il a fait l?-bas. On ne peut pas se souvenir de tout et pas toujours, et alors votre conte de fеes na?t, un nouveau, pas comme celui que vos parents vous lisaient la nuit lorsque vous еtiez enfant. Et, dans ce livre, Ivan a un cheval magique, il trouve une еpеe magique, rencontre une princesse, vainc les ennemis de l'Еtat, le sorcier malеfique, le Serpent Gorynych. Des histoires extraordinaires vous attendent, elles ont le go?t des contes populaires russes et en m?me temps elles sont diffеrentes.

Николай Одинцов

Contes de l'empire Primorskoie tsarstvo




Chers enfants! Chaque papa vous raconte des contes qu'il a lui-m?me lus ou que ses parents lui racontaient quand il еtait petit. Or, bien souvent il arrive que papa oublie la moitiе de l'histoire, ou m?me qu'il ne se souvienne plus de rien, si ce n'est du nom du hеros principal. Alors il se met ? inventer son propre conte, parfois bien meilleur que celui qu'il avait lu autrefois.

C'est ainsi que naquit une sеrie de contes qu'un papa racontait ? ses enfants adorеs et, voyant avec quel intеr?t ils l'еcoutaient chaque soir, ce papa se dеcida ? vous en faire profiter vous aussi. Ce sont les "Contes de papa". Et s'ils vous plaisent et que vous ayez envie de savoir ce qu'il advint ensuite, еcrivez ? ce papa ou demandez au v?tre, et vous recevrez ainsi une nouvelle sеrie de contes qui seront encore plus intеressants, instructifs et divertissants. Mieux, encore, vous pourriez composer vous m?me vos propres contes et nous les envoyer ? la rеdaction. Nous ne manquerons pas de les publier. D'autres gar?ons et filles pourront les lire et se rеjouir avec vous des aventures des hеros.

Avec beaucoup d'amour pour vous et de respect pour vos parents,

    l'auteur des "contes de papa".

I

Conte du tsar Agaphon et de son empire Primorskoie tsarstvo

Il еtait une fois le tsar Agaphon. Il rеgnait sur Primorskoiе Tsarstvo. C'еtait un petit royaume comprenant tout au plus deux for?ts, deux rivi?res et un marais o? se cueillaient les airelles. Comme son nom l'indiquait, le Primorskoiе Tsarstvo s'еtendait en bordure d'une mer immense. Des b?teaux sillonnaient cette mer immense et transportaient des marchandises. Le royaume еtait fier de ses deux villes et de ses huit villages. La capitale s'appelait Karass. C'est l? que se trouvait le palais du tsar, o? ce dernier rеsidait, rendait la justice et recevait les ambassadeurs еtrangers. La ville devait son nom еtrange ? sa situation sur les bords du lac de Karass, dont les eaux regorgeaient de carassins. Chaque matin les p?cheurs sortaient et revenaient les filets pleins de carassins, mais il y en avait toujours autant le lendemain. Le nom de sa capitale dеplaisait beaucoup au tsar. Il aurait aimе pour elle un nom un peu plus solennel. Un nom comme Vitiazgrad ou encore comme Gorod-Bogotyre? par exemple, en l'honneur des preux et des chevaliers, ou bien pourquoi ne pas appeler la ville tout simplement Gorod Agaphon en l'honneur de son tsar? Cette derni?re variante lui souriait le mieux. Hеlas, cela ne passa jamais dans les moeurs. En dеpit des moult dеcrets du tsar, tout le monde continuait ? appeler la ville Karass. Une haute tour abritait la rеsidence d'un scribe. Il inscrivait tout ce qui se passait au palais. Toute la tour еtait comme tapissеe d'armoires emplies de livres. Et dans ces livres еtait consignеe toute l'histoire de l'empire Primorskoiе Tsarstvo depuis les temps les plus anciens, depuis l'еpoque m?me o? le tr?s puissant chevalier Slavodol еtait arrivе avec sa tribu sur les rives du lac Karasse? et avait fondе la ville de Karass. A cette еpoque si lointaine les manuscrits n'еtaient pas encore sous forme de livres mais sous forme de rouleaux.

La capitale avait aussi son еcole. Les petits gar?ons y еtudiaient les diffеrentes sciences. Agaphon еtait tr?s fier de cette еcole: "Nous avons une еcole et les sciences ici progressent. Tandis que nos voisins n'ont rien de tel, ce sont des barbares incultes". Mais l'еcole еtait interdite aux petites filles. Agaphon pensait que les femmes еtaient plus b?tes que les hommes et qu'elles ne devaient pas еtudier. Sa propre fillette Alionouchka ne cessait de lui demander: "Papa, laisse-moi aller ? l'еcole, je veux apprendre ? lire et еcrire, je veux lire des livres!". Rien ? faire, Agaphon ne cеdait pas.

– Non, tu restes ? la maison! Apprends ? carder la laine et ? coudre des roubachkas! Voil? toute l'еcole qu'il te faut! – rеpondait-il.

Une deuxi?me ville se dressait en bord de mer. Mais si petite qu'il еtait difficile de dire si c'еtait une ville ou un village. C'est pourquoi on l'appela Mal-Gorod, qui signifie petite ville. Il y avait un port o? s'amarraient les navires marchands. Un deuxi?me port avait еtе amеnagе ? l'abri d'une petite crique pour les deux bateaux de guerre du tsar Agaphon. Agaphon aurait bien aimе possеder une imposante flotte, mais pour l'heure, son royaume ne pouvait se permettre que ces deux petits navires.

Un phare signalait la ville. Il permettait aux b?teaux en mer de trouver leur chemin et de contourner les rеcifs sous-marins. Il y avait aussi une еcole de navigation. On y apprenait ? diriger les navires, ? s'orienter en mer d'apr?s les еtoiles, ? affronter les temp?tes. On apprenait aussi comment construire des navires plus rapides que le vent.

Trois bons sorciers vivaient dans le royaume de Primorskoie Tsarstvo. L'un d'eux savait guеrir les animaux et les habitants. Il connaissait toutes les herbes et toutes les racines, toutes les formules magiques capables de chasser tous les maux. Il n'y avait pas une maladie qui puisse rеsister ? ce magicien. Le second savait faire venir la pluie et le beau temps. Quand sеvissait la sеcheresse, il ramenait la pluie dans le ciel. Quand il pleuvait trop longtemps, il dispersait les nuages. Il savait calmer la temp?te sur la mer et faire souffler le vent dans les voiles des navires.

Les sorciers aidaient les gens et sauvaient la vie ? beaucoup d'entre eux. Soit en les guеrissant d'une grave maladie, soit en sauvant leur navire en pleine temp?te d'un naufrage certain contre les rochers.

Le troisi?me sorcier vivant dans le royaume s'appelait Silentin. Il еtait tr?s vieux et tr?s sage. Silentin avait еtudiе ? l'еcole des sorciers sur l'?le enchantеe. Il еtait tr?s savant et faisait toujours volontiers profiter de ses connaissances. Pourtant, il ne faisait presque plus de sorcellerie, parce qu'il se faisait vieux, disait-il.

Le tsar Agaphon, qui aimait la paix, еtait ami avec les voisins. Ses voisins еtaient au nombre de quatre: un territoire dirigе par un autre tsar, deux royaumes et une еpaisse for?t tr?s sombre. On disait qu'au plus profond de cette for?t vivait le serpent Gorinytch. En vеritе, personne ne savait rien de prеcis ? ce sujet, pour la bonne raison que personne n'en еtait jamais revenu vivant.

Le tsar voisin s'appelait Varfolomеiev. Son royaume ne comptait qu'une ville en tout et pour tout. En revanche, cette ville еtait cеl?bre pour son marchе tr?s animе o? les gens venaient de tous les pays acheter ou vendre des marchandises. Ce marchе rapportait beaucoup d'argent. Il faisait la fortune du tsar Varfolomeiev.

Le second voisin еtait surnommе le Crabe. Il еtait petit et gros. En revanche, il avait de longues mains qui ressemblaient vraiment ? des pinces. De plus, comme un vrai crabe, il s'effor?ait toujours d'attrapper avec ses pinces le plus de biens possibles pour les amener dans son palais. Ce roi accablait ses habitants d'imp?ts еlevеs et de pillages. Les gens vivaient tr?s pauvrement dans ce pays.

Le troisi?me voisin еtait le roi Metchiar. Ce voisin-l? adorait les armes. Tous les murs de son palais еtaient couverts d'еpеes et de lances. Il avait fait construire une forteresse autour du ch?teau. Mеtchiar, qui еtait tr?s grand, r?vait avec sa force de chevalier de conquеrir tous ses voisins. Dans ce but, il rassembla une armеe tr?s puissante. Il faisait venir en effet sous sa banni?re les preux de tous les pays. L'affaire demandait encore du temps et des efforts. C'est pourquoi, en attendant, il n'avait jusque l? attaquе personne.

L'еtе, dans ces contrеes, la mer еtait chaude et la brise caressante. Les gar?ons aimaient s'y baigner et venir y p?cher. L'hiver en revanche amenait sur les c?tes de terribles temp?tes o? bien des navires sombraient.

De mеmoire d'homme, les voleurs et les brigands n'existaient pas dans le royaume de Primorskoiе Tsarstvo. Les habitants ne verrouillaient pas leurs maisons et les h?tes еtaient toujours bienvenus.

Le tsar avait une fille unique, il n'avait pas eu d'autres enfants. Quand elle еtait petite, on l'appelait Alionouchka, mais en grandissant, elle еtait devenue d'une si prodigieuse beautе qu'on l'avait appelеe dеsormais Elena Prеkrasnaia, qui signifie Elena la tr?s belle. Tout aurait еtе le mieux du monde si Elena avait еtе une enfant docile. Mais [au grand malheur de son p?re], elle n'aimait ni la couture ni la cuisine, elle adorait en revanche prendre son cheval et galoper ? travers champs, ou monter en b?teau et naviguer en mer. Et le plus gros souci d'Agaphon еtait qu'il n'y avait rien ? faire pour la marier. Elle ne voulait donner son consentement ? aucun prince des parages. De nombreux prеtendants se prеsentaient pour l'еpouser, mais elle les chassait tous. Pas un n'еtait ? son go?t. L'un еtait b?te, l'autre avare, le troisi?me еtait gringalet, quant au quatri?me, il ne pouvait pas naviguer en mer. Tout tsar qu'il еtait, le malheureux p?re dеsespеrait. Un beau jour, il finit par dire ? sa fille avec un geste de lassitude: "Cherche-toi un mari toi-m?me. Celui que tu trouveras, je lui donnerai ta main".

II

Ivanouchka-L'imbecile et le cheval enchantе

Il еtait une fois au royaume de Primorskoiе Tsarstvo un paysan. Il cultivait le blе et vendait ses rеcoltes au marchе. Sans ?tre riche, il n'avait jamais еtе pauvre non plus. Il avait trois fils, deux fils intelligents et illen'avait troisi?me, le plus jeune, simplement imbеcile. C'est d'ailleurs comme cela qu'on l'appelait: Ivanouchka-L'imbеcile. Cela arrangeait tout le monde de le voir ainsi parmi les idiots. Ses fr?res ne voulaient pas partager l'hеritage avec lui, et ? un imbеcile, on peut tr?s bien m?me ne rien donner du tout. Leurs deux femmes se servaient de lui pour faire leurs courses. Sa m?re lui parlait comme ? un bеbе. Si bien qu'lvan passait son temps ? vider les cendres, toujours assis pr?s du po?le.

Un beau jour, les deux a?nеs s'appr?taient ? aller au marchе vendre du blе. Voil? qu'lvan vient les trouver pour leur demander:

– Emmenez-moi avec vous, j'ai envie de voir du monde, il para?t qu'il y aura des bouffons".

Les fr?res, ? la rеflexion, pens?rent que cela ne leur co?tait rien. Ils interdirent tr?s sеv?rement ? leur cadet de parler aux clients, et voil? tout. Sa m?re lui glissa un kopek dans la poche, que son petit puisse s'acheter des bonbons.

Arrivеs au marchе, les fr?res se mirent ? vendre le blе. Ivan essaya de les aider, mais ils le disput?rent:

– Va-t-en de l?, imbеcile, tu vas nous g?cher nos ventes!

Alors Ivan partit faire un tour sur le marchе. Il regarda les bouffons, rit aux еclats de leurs chansons et de leurs grimaces. Puis il fl?na dans les allеes et se retrouva sur la place o? l'on vend les chevaux. Il s'approche et regarde de tous ses yeux. Les chevaux sont plus vifs et plus beaux l'un que l'autre. Ivan est en extase. Il admire leurs pattes l'une apr?s l'autre et arrive au bout de la rangеe. Il n'a dеj? plus la moindre envie de rentrer quand soudain il aper?oit un jeune poulain. Allongе sur une maigre couche de foin, l'animal n'a m?me pas la force de soulever sa t?te. Il est couvert de plaies et de cro?tes. Ceux qui passent devant ne peuvent s'emp?cher de lui donner un coup de pied en exprimant leur dеgo?t. Ivanouchka se prend de pitiе pour la malheureuse b?te.

– Pourquoi vous l'emb?tez? Pourquoi vous lui parlez comme ?a? – leur demande Ivan.

– A qui cela peut-il servir, un poulain dans cet еtat? – rеpondent les palefreniers, – rien qu'? la regarder, nos merveilles de chevaux vont ?tre contaminеs. Plus vite il cr?vera, mieux ce sera.

– Et ? qui est-il, ce pauvre animal?

– A personne. Quand on a amenе les chevaux au marchе, il s'est collе au troupeau. D'abord, on voulait le prendre, puis on a compris qu'il n'y avait rien ? en tirer.

– Peut-?tre que moi je peux le prendre alors?

– Prends-le, – lui disent les palefreniers.

Ivanouchka prit le poulain malade avec soi. Il le lava avec de l'eau de source et, avec le kopek que sa m?re lui avait donnе, il acheta du pain pour nourrir la pauvre b?te. Et il lui fit faire tout le trajet jusqu'? la maison en tеl?gue.

Ses fr?res cri?rent sur Ivan tant qu'ils purent en disant qu'il еtait mauvais. Au retour, ils ne laiss?rent pas le poulain passer le portail de la maison. Ils prеtendaient que le bеtail au contact des cro?tes allait ?tre malade ? son tour.

Ivan ne trouva pas d’autre solution que d'aller o? ses yeux le portaient. Il choyait et c?linait son poulain. Il lui fit boire de l'eau de source et le fit pa?tre dans les vertes prairies. Bient?t le poulain fit sa guеrison, d?s qu'il f?t guеri, il se mit ? grandir non pas de jour en jour, mais d'heure en heure. Au bout du sixi?me jour, le poulain souffreteux est devenu un magnifique coursier racе. Son poil soyeux poudrе d'or еtinc?la et sa crini?re lеg?re flotte au vent. Ivanouchka baptisa son cheval Zlatibor.

Le matin du septi?me jour, Ivan entend soudain le cheval lui parler d'une voix humaine:

– Merci ? toi de m'avoir ainsi sauvе la vie et de m'?tre venu en aide.

Ivan pеtrifiе en tomba ? la renverse. Un cheval qui parle avec une voix d'homme, cela ne se pouvait!

Mais le cheval poursuit comme si de rien n'еtait:

– Je suis nе au pays Enchantе. Je paissais avec ma m?re dans les vastes prairies. Mais j'еtais dеsobеissant, je voulais toujours galoper plus loin. Un jour, j'ai galopе si loin que je me suis retrouvе dans vos contrеes, sans m?me m'en rendre compte. Et sans ta bontе, j'aurais s?rement pеri. Il est temps maintenant que je rentre au pays enchantе.

Ivan se sentit tr?s triste. Il aimait еnormеment Zlatibor.

– O? est-il, ton pays enchantе? – demanda-t-il. – N'est-il pas possible que je t'y accompagne, pour voir comment tu vis?

– Mon pays est partout autour de toi. Mais il est invisible. Et toi, tu ne peux pas entrer au pays enchantе. Nul homme ne pourra jamais trouver le chemin pour y aller. Mais ne sois pas triste. Sit?t que tu auras besoin de moi, tu n'auras qu'? t'avancer au milieu d'un prе et еmettre le sifflement des chevaliers, puis m'appeler par mon nom, alors j'appara?trai au m?me instant.

Sur ces mots, il disparut.

Ivan avait bien du chagrin, mais que faire! Il rentra chez lui, et raconta les choses comme elles s'еtaient passеes. Mais personne ne cr?t un mot de son histoire.

Les jours passaient, l'un apr?s l'autre. Ivan s'ennuyait tant de son cheval, il eut envie de galoper dans les champs. Il s'avan?a dans un prе, еmit le sifflement des chevaliers et appela Zlatibor. A cet instant m?me il le vit: le cheval de feu nimbе d'or bondissait vers lui. Et la terre tremblait de son galop.

– Que dеsire Ivan? – demande le cheval.

– Eh bien, rеpond Ivan, je veux juste galoper avec toi ? travers champs.

– Mais, Ivanouchka, as-tu une selle qui puisse m'aller?

– Comment veux-tu que j'aie une selle! Mes fr?res ne me laissent pas approcher de l'еcurie, – rеpondit Ivan.

Le cheval frappa la terre de son sabot et disparut. Mais une seconde plus tard il еtait dеj? revenu.

Sa selle et sa bride еtaient cousues d'or et ornеes de pierres prеcieuses. Les yeux ne pouvaient se dеtacher de tant de beautе. Et par dessus la selle un somptueux v?tement avait еtе posе. Ivan ?ta ses vieux v?tements, se lava ? la rivi?re, rev?tit l'habit que le cheval lui apportait et devint un superbe jeune homme. Il sauta en selle et Zlatibor s'еlan?a gracieusement. Le cheval enchantе ne semblait pas courir, mais voler dans l'air. Les ravines еtaient franchies d'un bond lеger, et les bouleaux dеpassеs en un seul еlan. Ivan n'avait pas eu le temps de reprendre son souffle que la capitale fut en vue. Ivan regarde ? grands yeux et aper?oit dans un vaste prе une jeune fille chevauchant sur un beau coursier bai. Oh que cette apparition lui semble belle et le ravit! Sa beautе, il est vrai, a immеdiatement conquis Ivan. Il vole vers elle et lui demande:

– Qui es-tu, si belle damoiselle, et pourquoi cavales-tu ainsi seule dans la campagne?

– Je suis Elena Agaphonovna et je sors mon cheval dans le champ qui appartient ? mon p?re, le tsar Agaphon! Mais toi, qui es-tu? Et de quel droit me poses-tu des questions? Peut-?tre me faut-il appeler les gardes pour t'interroger ? ce sujet?

Ivan comprit qu'il avait devant lui la fille du tsar. Mais comme elle lui plaisait infiniment, il dеcida d'engager plus loin la conversation. Il retira son bonnet et dit ? la belle:

– Pardonne-moi Elena Prekrasnaia. Je ne voulais surtout pas t'offenser, je n'avais d'autre idеe qu'admirer ta beautе, j'ignorais que tu еtais la fille de notre tsar!

Le beau jeune homme pl?t ? Elena Prekrasnaia. Il еtait ? la fois bien fait de sa personne et tenait des propos fort courtois. De mot en mot, leurs paroles se donn?rent le change. Tout le reste du jour ils chevauch?rent c?te ? c?te dans les champs et ils ne se sеpar?rent qu'au soir venu. Elena Prekrasnaia rentra au palais, Ivan de son c?tе retrouva ses vieux habits, se salit comme il faut avant de revenir chez lui.

Et d?s lors, il en fut toujours ainsi. Tous les matins, Ivan s'en vint attendre sur son cheval enchantе que la tsarine sortit du palais. A longueur de journеes, ils chevauchaient ensemble et devisaient sur mille choses. Ils ne remarqu?rent m?me pas qu'ils еtaient еpris l'un de l'autre. La tsarine voulait tout savoir d'Ivan, d'o? il еtait, o? se trouvait sa maison, or Ivan avait honte d'avouer quel Ivanouchka-L'imbеcile il еtait en rеalitе et comment il passait sa vie assis pr?s du po?le ? ramasser les cendres. Alors la tsarine eut recours ? la ruse. Le tsar Agaphon possеdait un sceau royal, et il ne s'agissait pas d'un sceau banal mais d'un sceau enchantе. Il permettait ? qui s'en servait d'apposer son embl?me n'importe o?, et pas n'importe comment, mais en lettres d'or. Elena subtilisa le sceau impеrial en cachette et s'en vint trouver Ivanouchka. Sans qu'il le sache, elle rеussit ? lui imprimer le sceau d'or sur la main gauche. Le soir venu, Ivan s'aper?ut de cette marque еtincelante. Il la couvrit de boue et se cacha pr?s du po?le. La tsarine le matin suivant partit de village en village escortеe de soldats. En arrivant dans chaque village, elle passe en revue les mains gauches de tous les hommes dans l'espoir d'y dеcouvrir le signe d'or. Elle arrive finalement au village d'Ivanouchka-L'imbеcile. Mais elle a inspectе les mains de chacun sans trouver trace du sceau.

– Ne reste-t-il vraiment pas encore un homme dans ce village? – demanda-t-elle.

– Si, – lui rеpond-on, – il y a encore notre Ivanouchka-L'imbеcile, mais il doit ramasser les cendres assis pr?s du feu.

La tsarine ordonna de le faire venir. Et l'on amena Ivanouchka. V?tu de vieilles nippes, il est couvert de boue et de cendres. Non, vraiment pas la moindre ressemblance avec le jeune homme que recherchait la tsarine. Pourtant, on lui lave la main gauche et l'on dеcouvre le sceau d'or tsarial plus aveuglant que le soleil. La tsarine ordonne alors de faire prendre un bain ? ce jeune homme et de lui passer une tunique neuve. D?s qu'elle le revoit tout astiquе et v?tu de propre, Elena reconna?t l'еlu de son coeur. Elle prend Ivan par la main et le conduit ? son p?re au palais en le nommant son heureux еlu. Le tsar Agaphon n'avait pas du tout envie d'un tel gendre. Mais aucune de ses tentatives ne parvint ? la faire changer d'avis. Il lui promettait pourtant des cadeaux de grande valeur, ou encore il la mena?ait de l'enfermer ? double tour. Mais Elena Prekrasnaia s’en tenait ? son choix.

– Je me marierai avec Ivan et avec lui seul. Et si tu m'am?nes un seul autre prеtendant, je prеviens que je lancerai nos chiens contre lui!

Le tsar, malgrе son tempеrament brutal et capricieux, ne put rien faire du tout. Longtemps, cela le tourmenta, puis apr?s tout, dеcida-t-il enfin, qu'il advienne ce que pourra. Les noces furent proclamеes. Le royaume f?ta trois jours durant l'еvеnement.

Dеsormais, Ivan ne vivait plus cachе derri?re le po?le mais dans les appartements du palais tsarial. Personne ne l'appelait plus jamais Ivanouchka-L'imbеcile, on ne s'adressait plus ? lui qu'avec respect en le nommant de son prеnom et patronyme Ivan Timofеevitch.

III

Conte de l'epee enchantee

Ivan se faisait sans se plaindre ? sa nouvelle vie. Au dеbut, il avait fort peu ? faire. Mais par la suite, le tsar s'avisa qu'il n'еtait pas si b?te que ?a. Simplement, il avait fort peu d'instruction. Agaphon envoya donc son gendre еtudier. Ivan se montra tr?s douе pour les еtudes. Il apprit tr?s vite ? lire et еcrire et se mit ? dеvorer livre sur livre. Il fit des prodiges en diverses sciences et excella particuli?rement en mathеmatiques et en navigation. Il apprit ? diriger un navire, ? tracer son chemin en se guidant sur les еtoiles. Il se prit aussi de passion pour la chasse. D?s qu'il trouvait un moment, il courait dans la for?t traquer quelque gibier.

Tout le monde еtait tr?s satisfait d'Ivan. Il apparut bient?t intelligent et instruit. Il n'offensait jamais personne. Les gens l'aimaient. Et tous se mirent ? l'appeler dеsormais Ivan Tsarеvitch.

Un jour, Ivan Tsarеvitch partit ? la chasse. Il s'еlan?a imprudemment ? la poursuite d'un renne et s'еgara. Le soir le surprit perdu en pleine for?t. Ivan tenta bien d'appeler son cheval enchantе, mais Zlatibor n'entendit pas son appel еtouffе par l'еpaisseur des fourrеs. Il lui fallut donc dormir dans les bois. Durant la nuit, son cheval soudainement effrayе par quelque bruit brisa les sangles et s'enfuit. Ivan perdit soudain courage.

Ivan vit le jour poindre et erra au hasard. Il pensait: "Si seulement je pouvais trouver un semblant d'allеe ou croiser quelqu'un en chemin", – pensait-il. Il aper?oit au m?me moment au beau milieu de la for?t une petite izba. Aucune allеe, aucun sentier n'y m?ne. Ivan approche de cette izba, jette un oeil par la fen?tre et reste pеtrifiе. Un еnorme ours assis ? table face au samovar prend tranquillement son thе!

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