Jorge Isaacs "María. Français"

Le roman traite principalement de la relation amoureuse troublée entre deux jeunes gens : Efraín, un fermier de la région de Cauca, et María, sa sœur adoptive. Cette histoire d'amour se déroule dans une belle région de Colombie.L'histoire du roman suit María et Efraín et leur amour parfait. Les lieux où se déroulent les événements sont également décrits : la nature du Cauca et l'apparence de la ferme appelée El Paraíso. Cela crée trois environnements, tous réels, mais vus d'une manière particulière. C'est comme un voyage dans un monde nostalgique qui rend l'amour et les lieux magiques. La fin de l'histoire modifie le célèbre conte antique du jardin d'Eden. Dans ce cas, elle signifie la perte de la maison, de l'être aimé et du beau paysage.En dehors de cette histoire principale, il y a également de nombreuses histoires courtes qui s'entrecroisent. Beaucoup parlent d'amour, comme l'amour de Marie et d'Ephraïm, et se déroulent dans le même monde.

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update Дата обновления : 26.08.2023

–Mais j'en ai entendu parler, et puis je n'en ai plus entendu parler.... Pourquoi, alors ?

–Ecoutez, je vous en prie, je… je… Me permettrez-vous de vous ordonner de ne plus en parler ?

Elle avait laissе tomber son front sur le bras sur lequel elle s'appuyait et dont je serrais la main dans la mienne, lorsque j'entendis dans la pi?ce voisine le bruissement des v?tements d'Emma qui s'approchaient.

Ce soir-l?, ? l'heure du d?ner, mes sCurs et moi еtions dans la salle ? manger et attendions mes parents, qui prenaient plus de temps que d'habitude. Enfin, on les entendit parler dans le salon, comme s'ils terminaient une conversation importante. La noble physionomie de mon p?re montrait, par la lеg?re contraction des extrеmitеs de ses l?vres, et par la petite ride entre ses sourcils, qu'il venait d'avoir une lutte morale qui l'avait bouleversе. Ma m?re еtait p?le, mais sans faire le moindre effort pour para?tre calme, elle me dit en s'asseyant ? table :

Je n'avais pas pensе ? vous dire que Josе еtait venu nous voir ce matin et vous inviter ? une chasse ; mais quand il a appris la nouvelle, il a promis de revenir tr?s t?t demain matin. Savez-vous s'il est vrai qu'une de ses filles se marie ?

–Il essaiera de vous consulter sur son projet", remarque mon p?re distraitement.

C'est probablement une chasse ? l'ours", ai-je rеpondu.

–De l'ours ? Quoi ! Vous chassez l'ours ?

–Oui, monsieur ; c'est une dr?le de chasse que j'ai faite avec lui plusieurs fois.

–Dans mon pays, dit mon p?re, on te prendrait pour un barbare ou un hеros.

–Et pourtant ce jeu est moins dangereux que celui du cerf, qui se pratique tous les jours et partout ; car le premier, au lieu d'obliger les chasseurs ? dеgringoler involontairement ? travers les bruy?res et les cascades, n'exige qu'un peu d'agilitе et de prеcision dans le tir.

Mon p?re, dont le visage n'еtait plus aussi renfrognе qu'auparavant, nous parla de la fa?on dont on chassait le cerf ? la Jama?que et de l'attachement de ses proches ? ce genre de passe-temps, Solomon se distinguant parmi eux par sa tеnacitе, son habiletе et son enthousiasme, dont il nous raconta, en riant, quelques anecdotes.

Lorsque nous nous sommes levеs de table, il s'est approchе de moi et m'a dit :

–Ta m?re et moi avons quelque chose ? te dire ; viens dans ma chambre plus tard.

Lorsque je suis entrе dans la pi?ce, mon p?re еcrivait en tournant le dos ? ma m?re, qui se trouvait dans la partie la moins еclairеe de la pi?ce, assise dans le fauteuil qu'elle occupait toujours lorsqu'elle s'y arr?tait.

Asseyez-vous", dit-il en cessant d'еcrire un instant et en me regardant par-dessus le verre blanc et les miroirs cerclеs d'or.

Au bout de quelques minutes, apr?s avoir soigneusement remis en place le livre de comptes dans lequel il еcrivait, il s'est approchе de mon si?ge et, ? voix basse, a pris la parole :

–J'ai voulu que ta m?re assiste ? cette conversation, car il s'agit d'un sujet grave sur lequel elle a la m?me opinion que moi.

Il se dirigea vers la porte pour l'ouvrir et jeter le cigare qu'il fumait, et continua ainsi :

–Vous ?tes chez nous depuis trois mois, et ce n'est qu'apr?s deux autres que M. A*** pourra commencer son voyage en Europe, et c'est avec lui que vous devez partir. Ce retard, dans une certaine mesure, ne signifie rien, tant parce qu'il nous est tr?s agrеable de vous avoir pr?s de nous apr?s six ans d'absence, pour ?tre suivi par d'autres, que parce que je constate avec plaisir que m?me ici, l'еtude est l'un de vos plaisirs favoris. Je ne vous cache pas, et je ne dois pas le faire, que j'ai con?u de grands espoirs, d'apr?s votre caract?re et vos aptitudes, que vous couronnerez d'еclat la carri?re que vous vous appr?tez ? parcourir. Vous n'ignorez pas que la famille aura bient?t besoin de votre appui, et d'autant plus apr?s la mort de votre fr?re.

Puis, apr?s une pause, il poursuit :

–Il y a dans votre conduite quelque chose qui, je dois vous le dire, n'est pas juste ; vous n'avez que vingt ans, et ? cet ?ge un amour inconsidеrеment entretenu pourrait rendre illusoires toutes les espеrances dont je viens de vous parler. Vous aimez Maria, et je le sais depuis bien des jours, comme il est naturel. Maria est presque ma fille, et je n'aurais rien ? observer si votre ?ge et votre position nous permettaient de songer ? un mariage ; mais ce n'est pas le cas, et Maria est tr?s jeune. Ce ne sont pas l? les seuls obstacles qui se prеsentent ; il y en a un qui est peut-?tre insurmontable, et il est de mon devoir de vous en parler. Mary peut vous entra?ner, et nous avec, dans un malheur lamentable dont elle est menacеe. Le docteur Mayn ose presque assurer qu'elle mourra jeune de la m?me maladie que celle ? laquelle sa m?re a succombе : ce dont elle a souffert hier est une syncope еpileptique qui, prenant de l'ampleur ? chaque acc?s, se terminera par une еpilepsie du pire caract?re que l'on connaisse : c'est ce que dit le docteur. Vous rеpondez maintenant, avec beaucoup de rеflexion, ? une seule question ; rеpondez-y comme l'homme rationnel et le gentleman que vous ?tes ; et ne laissez pas votre rеponse ?tre dictеe par une exaltation еtrang?re ? votre caract?re, en ce qui concerne votre avenir et celui des v?tres. Tu connais l'avis du mеdecin, avis qui mеrite le respect parce que c'est Mayn qui le donne ; le sort de la femme de Salomon t'est connu : si nous y consentions, еpouserais-tu Marie aujourd'hui ?

Oui, monsieur", ai-je rеpondu.

Voulez-vous prendre tout cela en compte ?

–Tout, tout !

–Je pense que je ne m'adresse pas seulement ? un fils, mais au gentleman que j'ai essayе de former en vous.

A ce moment, ma m?re cacha son visage dans son mouchoir. Mon p?re, еmu peut-?tre par ces larmes, et peut-?tre aussi par la rеsolution qu'il trouvait en moi, sachant que sa voix allait lui manquer, cessa de parler pendant quelques instants.

Eh bien, continua-t-il, puisque cette noble rеsolution vous anime, vous conviendrez avec moi que vous ne pouvez ?tre l'еpoux de Maria avant cinq ans. Ce n'est pas ? moi de vous dire qu'elle vous a aimе d?s son enfance, qu'elle vous aime tant aujourd'hui, que des еmotions vives, nouvelles pour elle, sont ce qui, selon Mayn, a fait appara?tre les sympt?mes de la maladie : c'est-?-dire que votre amour et le sien ont besoin de prеcautions, et que j'exige que vous me promettiez dеsormais, dans votre intеr?t, puisque vous l'aimez tant, et dans le sien, de suivre les conseils du docteur, donnеs pour le cas o? ce cas se prеsenterait. Vous ne devez rien promettre ? Marie, car la promesse d'?tre son mari apr?s le dеlai que j'ai fixе rendrait vos rapports plus intimes, ce qui est prеcisеment ce qu'il faut еviter. D'autres explications vous sont inutiles : en suivant cette voie, vous pouvez sauver Marie, vous pouvez nous еpargner le malheur de la perdre.

–En еchange de tout ce que nous vous accordons, dit-il en se tournant vers ma m?re, vous devez me promettre ce qui suit : ne pas parler ? Maria du danger qui la menace, ni lui rеvеler quoi que ce soit de ce qui s'est passе entre nous ce soir. Vous devez aussi savoir ce que je pense de votre mariage avec elle, si sa maladie devait persister apr?s votre retour dans ce pays – car nous allons bient?t ?tre sеparеs pour quelques annеes : en tant que votre p?re et celui de Maria, je n'approuverais pas une telle liaison. En exprimant cette rеsolution irrеvocable, il n'est pas superflu de vous faire savoir que Salomon, dans les trois derni?res annеes de sa vie, a rеussi ? former un capital d'une certaine importance, qui est en ma possession et qui est destinе ? servir de dot ? sa fille. Mais si elle meurt avant son mariage, il devra passer ? sa grand-m?re maternelle, qui se trouve ? Kingston.

Mon p?re resta quelques instants dans la pi?ce. Croyant notre entretien terminе, je me levai pour me retirer ; mais il reprit son si?ge et, dеsignant le mien, il reprit son discours en ces termes.

–Il y a quatre jours, j'ai re?u une lettre de M. de M*** me demandant la main de Maria pour son fils Carlos.

Je n'ai pas pu cacher ma surprise ? ces mots. Mon p?re sourit imperceptiblement avant d'ajouter :

–M. de M*** vous donne quinze jours pour accepter ou non sa proposition, pendant lesquels vous viendrez nous faire la visite que vous m'avez dеj? promise. Tout vous sera facile apr?s ce qui a еtе convenu entre nous.

Bonne nuit, dit-il en me posant chaleureusement la main sur l'еpaule, puissiez-vous ?tre tr?s heureux dans votre chasse ; j'ai besoin de la peau de l'ours que vous tuerez pour la mettre au pied de mon lit de camp.

D'accord", ai-je rеpondu.

Ma m?re m'a tendu la main et m'a pris la mienne :

–Nous vous attendons plus t?t que prеvu ; attention aux animaux !

Tant d'еmotions avaient tourbillonnе autour de moi au cours des derni?res heures que j'avais du mal ? les percevoir toutes, et il m'еtait impossible de faire face ? cette situation еtrange et difficile.

Marie menacеe de mort ; promise ainsi en rеcompense de mon amour, par une absence terrible ; promise ? condition de l'aimer moins ; moi obligе de modеrer un amour si puissant, un amour ? jamais possеdе de tout mon ?tre, sous peine de la voir dispara?tre de la terre comme une des beautеs fugitives de mes r?veries, et d'avoir dеsormais ? para?tre ingrat et insensible peut-?tre ? ses yeux, uniquement par une conduite que la nеcessitе et la raison me for?aient d'adopter ! Je ne pouvais plus entendre ses confidences d'une voix еmue ; mes l?vres ne pouvaient plus toucher m?me l'extrеmitе d'une de ses tresses. A moi ou ? la mort, entre la mort et moi, un pas de plus vers elle serait la perdre ; et la laisser pleurer dans l'abandon еtait une еpreuve au-dessus de mes forces.

L?che cCur ! tu n'as pas еtе capable de te laisser consumer par ce feu qui, mal cachе, pouvait la consumer ? O? est-elle maintenant, maintenant que tu ne palpites plus ; maintenant que les jours et les annеes passent sur moi sans que je sache que je te poss?de ?

Exеcutant mes ordres, Juan Аngel a frappе ? la porte de ma chambre ? l'aube.

–Comment se passe la matinеe ? demandai-je.

–Mala, mon ma?tre, il veut pleuvoir.

–Bien. Va ? la montagne et dis ? Josе de ne pas m'attendre aujourd'hui.

En ouvrant la fen?tre, je regrettais d'avoir envoyе le petit homme noir qui, en sifflant et en fredonnant des bambucos, s'appr?tait ? pеnеtrer dans la premi?re parcelle de for?t.

Un vent froid, hors saison, soufflait des montagnes, secouant les rosiers et balan?ant les saules, et dеtournant dans leur vol les quelques perroquets voyageurs. Tous les oiseaux, luxe du verger les matins joyeux, еtaient silencieux, et seuls les pellars voltigeaient dans les prairies voisines, saluant de leur chant la triste journеe d'hiver.

En peu de temps, les montagnes disparurent sous le voile cendrе d'une forte pluie qui faisait dеj? entendre son grondement croissant en traversant les bois. En moins d'une demi-heure, des ruisseaux troubles et tonitruants coulaient, peignant les meules de foin sur les pentes de l'autre c?tе de la rivi?re, qui, gonflеe, tonnait avec col?re, et que l'on pouvait voir dans les failles lointaines, jaun?tre, dеbordante et boueuse.

Chapitre XVII

Dix jours s'еtaient еcoulеs depuis cette pеnible confеrence. Ne me sentant pas capable de me conformer aux dеsirs de mon p?re quant au nouveau genre de relations qu'il disait que je devais avoir avec Maria, et douloureusement prеoccupе par la proposition de mariage faite par Charles, j'avais cherchе toutes sortes de prеtextes pour m'еloigner de la maison. Je passais ces jours-l?, soit enfermе dans ma chambre, soit chez Josе, errant souvent ? pied. Mes promenades avaient pour compagnons un livre que je n'arrivais pas ? lire, mon fusil de chasse qui ne tirait jamais, et Mayo qui me fatiguait sans cesse. Tandis que moi, envahi par une profonde mеlancolie, je laissais passer les heures cachе dans les endroits les plus sauvages, lui essayait en vain de s'assoupir recroquevillе dans la liti?re de feuilles, d'o? les fourmis le dеlogeaient ou les fourmis et les moustiques le faisaient bondir d'impatience. Quand le vieux se lassait de l'inaction et du silence, qu'il n'aimait pas malgrе ses infirmitеs, il s'approchait de moi et, posant sa t?te sur un de mes genoux, me regardait affectueusement, puis s'en allait m'attendre ? quelques encablures sur le sentier qui menait ? la maison ; Et dans son empressement ? nous mettre en route, quand il m'avait fait suivre, il faisait m?me quelques sauts d'enthousiasme joyeux et juvеnile, dans lesquels, outre qu'il oubliait son sang-froid et sa gravitе sеnile, il s'en tirait avec peu de succ?s.

Un matin, ma m?re est entrеe dans ma chambre et, s'asseyant ? la t?te du lit dont je n'еtais pas encore sorti, elle m'a dit :

–Ce n'est pas possible : tu ne dois pas continuer ? vivre ainsi ; je ne suis pas satisfait.

Comme je restais silencieux, il a continuе :

–Ce que vous faites n'est pas ce que votre p?re a exigе ; c'est beaucoup plus ; et votre conduite est cruelle pour nous, et plus cruelle encore pour Maria. J'еtais persuadеe que tes frеquentes promenades avaient pour but d'aller chez Luisa, ? cause de l'affection qu'on t'y porte ; mais Braulio, qui est venu hier soir, nous a fait savoir qu'il ne t'avait pas vue depuis cinq jours. Qu'est-ce qui te cause cette profonde tristesse, que tu ne peux ma?triser m?me dans les rares moments que tu passes en sociеtе avec la famille, et qui te fait rechercher sans cesse la solitude, comme si c'еtait dеj? une g?ne pour toi d'?tre avec nous ?

Ses yeux sont remplis de larmes.

Marie, madame, rеpondis-je, il doit ?tre enti?rement libre d'accepter ou de ne pas accepter le sort que Charles lui offre ; et moi, en tant qu'ami, je ne dois pas l'illusionner sur les espoirs qu'il doit ? juste titre entretenir d'?tre acceptе.

Je rеvеlais ainsi, sans pouvoir m'en emp?cher, la douleur la plus insupportable qui m'avait tourmentе depuis la nuit o? j'avais entendu la proposition de messieurs de M***. Les pronostics funestes du mеdecin sur la maladie de Maria n'еtaient rien pour moi avant cette proposition ; rien de la nеcessitе d'?tre sеparе d'elle pendant de longues annеes.

Comment avez-vous pu imaginer une telle chose ? -Elle n'a d? voir votre ami que deux fois, une fois lorsqu'il еtait ici pour quelques heures, et une fois lorsque nous sommes allеs rendre visite ? sa famille.

–Mais, ma ch?re, il reste peu de temps pour que ce que j'ai pensе se justifie ou disparaisse. Il me semble que cela vaut la peine d'attendre.

–Vous ?tes tr?s injuste et vous regretterez de l'avoir еtе. Marie, par dignitе et par devoir, sachant qu'elle se ma?trise mieux que vous, cache combien votre conduite la fait souffrir. J'ai peine ? croire ce que je vois ; je suis еtonnеe d'entendre ce que vous venez de dire ; moi qui pensais vous donner une grande joie, et remеdier ? tout en vous faisant conna?tre ce que Mayn nous a dit hier en se sеparant !

Dis-le, dis-le", suppliai-je en me redressant.

–Quel est l'intеr?t ?

Ne sera-t-elle pas toujours… ne sera-t-elle pas toujours ma sCur ?

Ou bien un homme peut-il ?tre un gentleman et faire ce que vous faites ? Non, non ; ce n'est pas ? un de mes fils de faire cela ! Ta soeur ! et tu oublies que tu le dis ? celle qui te conna?t mieux que tu ne te connais toi-m?me ! Ta soeur ! et je sais qu'elle t'a aimе depuis qu'elle vous a couchеs tous deux sur mes genoux ! et c'est maintenant que tu le crois ? maintenant que je suis venu t'en parler, effrayе par les souffrances que la pauvre petite essaie inutilement de me cacher.

–Je ne voudrais pas, un seul instant, vous donner un motif de mеcontentement tel que vous me le faites conna?tre. Dites-moi ce que je dois faire pour remеdier ? ce que vous avez trouvе de rеprеhensible dans ma conduite.

–Tu ne veux pas que je l'aime autant que je t'aime ?

Oui, madame ; et c'est le cas, n'est-ce pas ?

–Il en sera ainsi, bien que j'aie oubliе qu'elle n'a d'autre m?re que moi, et les recommandations de Salomon, et la confiance dont il m'a jugеe digne ; car elle le mеrite, et elle vous aime tant. Le mеdecin nous assure que la maladie de Mary n'est pas celle dont Sara a souffert.

L'a-t-il dit ?

–Oui ; votre p?re, rassurе sur ce point, a tenu ? ce que je vous le fasse savoir.

Alors, est-ce que je peux recommencer ? ?tre avec elle comme avant ? demandai-je d'un air exaspеrе.

–Presque…

Elle m'excusera, n'est-ce pas ? Le mеdecin a dit qu'il n'y avait aucun danger ? -J'ai ajoutе qu'il fallait que Charles le sache.

Ma m?re m'a regardе еtrangement avant de me rеpondre :

–Et pourquoi le lui cacher ? Il est de mon devoir de vous dire ce que je pense que vous devez faire, puisque les messieurs de M*** doivent venir demain, comme ils l'ont annoncе. Dites-le ? Maria cet apr?s-midi. Mais que pouvez-vous lui dire qui suffise ? justifier votre dеtachement, sans passer outre aux ordres de votre p?re ? Et m?me si vous pouviez lui parler de ce qu'il a exigе de vous, vous ne pourriez pas vous excuser, car il y a une cause ? ce que vous avez fait ces jours-ci, que vous ne devez pas dеcouvrir par orgueil et par dеlicatesse. Voil? le rеsultat. Je dois dire ? Marie la vеritable cause de votre chagrin.

Mais si vous le faites, si j'ai еtе lеger en croyant ce que j'ai cru, que pensera-t-elle de moi ?

–Il vous trouvera moins mauvais que de vous considеrer comme capable d'une inconstance et d'une inconsеquence plus odieuses que tout le reste.

–Vous avez raison jusqu'? un certain point ; mais je vous prie de ne rien dire ? Maria de ce dont nous venons de parler. J'ai commis une faute, qui m'a peut-?tre fait souffrir plus qu'elle, et il faut que j'y remеdie ; je vous promets que j'y remеdierai ; je ne demande que deux jours pour le faire convenablement.

Alors, dit-il en se levant pour partir, tu sors aujourd'hui ?

–Oui, madame.

O? allez-vous ?

Je vais rendre ? Emigdio sa visite de bienvenue, et c'est indispensable, car je lui ai fait savoir hier par le majordome de son p?re qu'il m'attendait pour le dеjeuner d'aujourd'hui.

–Mais vous rentrerez t?t.

–A quatre ou cinq heures.

–Venez manger ici.

Es-tu ? nouveau satisfaite de moi ?

Bien s?r que non, rеpondit-il en souriant. Jusqu'au soir, donc : vous transmettrez aux dames mes meilleures salutations, de ma part et de celle des filles.

Chapitre XVIII

J'еtais pr?t ? partir quand Emma est entrеe dans ma chambre. Elle fut surprise de me voir avec un visage rieur.

O? vas-tu si heureux ?", m'a-t-il demandе.

–J'aimerais n'avoir ? me dеplacer nulle part. Pour voir Emigdio, qui se plaint de mon inconstance sur tous les tons, chaque fois que je le rencontre.

–Quelle injustice ! -Il s'est exclamе en riant. Injuste, toi ?

Pourquoi riez-vous ?

–Pauvre chose !

–Non, non : vous riez d'autre chose.

–C'est bien cela", dit-il en prenant un peigne sur la table de bain et en s'approchant de moi. Laissez-moi vous coiffer, car vous savez, monsieur Constant, qu'une des soeurs de votre ami est une jolie fille. Dommage, continua-t-elle en peignant les cheveux ? l'aide de ses mains gracieuses, que ma?tre Ephra?m soit devenu un peu p?le ces jours-ci, car les bugue?as ne peuvent imaginer une beautе virile sans des couleurs fra?ches sur les joues. Mais si la sCur d'Emigdio еtait au courant de....

–Tu es tr?s bavard aujourd'hui.

–Oui ? et tu es tr?s joyeux. Regarde-toi dans le miroir et dis-moi si tu n'as pas l'air bien.

–Quelle visite ! m'exclamai-je en entendant la voix de Maria appeler ma sCur.

–Vraiment. Comme ce serait mieux de se promener sur les sommets du boquerоn de Amaime et de jouir du… grand paysage solitaire, ou de marcher dans les montagnes comme du bеtail blessе, en chassant les moustiques, sans se prеoccuper du fait que le mois de mai est plein de nuches…, la pauvre, c'est impossible.

Maria t'appelle", ai-je interrompu.

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