Jorge Isaacs "María. Français"

Le roman traite principalement de la relation amoureuse troublée entre deux jeunes gens : Efraín, un fermier de la région de Cauca, et María, sa sœur adoptive. Cette histoire d'amour se déroule dans une belle région de Colombie.L'histoire du roman suit María et Efraín et leur amour parfait. Les lieux où se déroulent les événements sont également décrits : la nature du Cauca et l'apparence de la ferme appelée El Paraíso. Cela crée trois environnements, tous réels, mais vus d'une manière particulière. C'est comme un voyage dans un monde nostalgique qui rend l'amour et les lieux magiques. La fin de l'histoire modifie le célèbre conte antique du jardin d'Eden. Dans ce cas, elle signifie la perte de la maison, de l'être aimé et du beau paysage.En dehors de cette histoire principale, il y a également de nombreuses histoires courtes qui s'entrecroisent. Beaucoup parlent d'amour, comme l'amour de Marie et d'Ephraïm, et se déroulent dans le même monde.

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update Дата обновления : 26.08.2023

–Je sais ? quoi ?a sert.

–Pourquoi ?

–Pour l'aider ? faire quelque chose qu'il ne devrait pas faire.

Pouvez-vous dire lequel ?

Elle attend que j'aille chercher des fleurs pour remplacer celles-l?, dit-elle en montrant celles qui sont dans le vase sur ma table ; et si j'еtais elle, je n'en mettrais pas d'autres l?-dedans.

–Si vous saviez…

–Et si vous saviez…

Mon p?re, qui m'appelait de sa chambre, a interrompu la conversation qui, si elle s'еtait poursuivie, aurait pu faire еchouer ce que j'essayais de faire depuis ma derni?re entrevue avec ma m?re.

Lorsque je suis entrе dans la chambre de mon p?re, il regardait le guichet d'une belle montre ? gousset, et il m'a dit :

–C'est une chose admirable ; elle vaut sans aucun doute les trente livres. Se tournant aussit?t vers moi, il ajouta :

Voici la montre que j'ai commandеe ? Londres ; regardez-la.

Il est bien meilleur que celui que tu utilises", ai-je observе en l'examinant.

Mais celui dont je me sers est tr?s prеcis, et le v?tre est tr?s petit : il faut le donner ? l'une des filles et prendre celui-ci pour vous.

Sans me laisser le temps de le remercier, il a ajoutе :

Allez-vous chez Emigdio ? Dis ? son p?re que je peux prеparer le p?turage pour que nous l'engraissions ensemble, mais que son bеtail doit ?tre pr?t le 15 du mois suivant.

Je retournai immеdiatement dans ma chambre pour prendre mes pistolets. Marie, venant du jardin, au pied de ma fen?tre, tendait ? Emma un bouquet de montenegros, de marjolaine et d'Cillets ; mais le plus beau, par sa taille et sa luxuriance, еtait sur ses l?vres.

Bonjour, Maria", dis-je en me dеp?chant de recevoir les fleurs.

Elle p?lit instantanеment, rеpondit s?chement au salut, et l'Cillet tomba de sa bouche. Elle me tendit les fleurs, en dеposant quelques-unes ? mes pieds, qu'elle ramassa et pla?a ? ma portеe lorsque ses joues redevinrent rouges.

Voulez-vous еchanger tout cela contre l'Cillet que vous aviez sur vos l?vres", ai-je dit en recevant les derniers ?

J'ai marchе dessus", rеpondit-il en baissant la t?te pour la chercher.

–Je vous donnerai tout cela pour lui.

Il est restе dans la m?me attitude sans me rеpondre.

Me permettez-vous de le prendre ?

Il s'est alors penchе pour le prendre et me l'a tendu sans me regarder.

Pendant ce temps, Emma fait semblant d'?tre compl?tement distraite par les nouvelles fleurs.

J'ai serrе la main de Mary en lui remettant l'Cillet dеsirе, en lui disant :

–Merci, merci ! A cet apr?s-midi.

Elle leva les yeux pour me regarder avec l'expression la plus ravie que la tendresse et la pudeur, les reproches et les larmes puissent produire dans les yeux d'une femme.

Chapitre XIX

J'avais parcouru un peu plus d'une lieue et je luttais dеj? pour ouvrir la porte qui donnait acc?s aux mangones de l'hacienda du p?re d'Emigdio. Apr?s avoir vaincu la rеsistance des gonds et de l'arbre moisis, et celle encore plus tenace du pyl?ne, fait d'une grosse pierre, qui, suspendu au toit par un boulon, tourmentait les passants en maintenant fermе ce singulier dispositif, je m'estimais heureux de ne pas m'?tre enlisе dans la fange pierreuse, dont l'?ge respectable se reconnaissait ? la couleur de l'eau stagnante.

Je traversai une courte plaine o? la queue de renard, la broussaille et la ronce dominaient les herbes marеcageuses ; l? broutait quelque cheval meunier ? queue rasеe, des ?nons gambadaient et de vieux ?nes mеditaient, tellement lacеrеs et mutilеs par le transport du bois de chauffage et la cruautе de leurs muletiers, que Buffon aurait еtе perplexe d'avoir ? les classer.

La grande et vieille maison, entourеe de cocotiers et de manguiers, poss?de un toit cendrе et affaissе qui surplombe la grande et dense cacaoy?re.

Je n'avais pas еpuisе tous les obstacles pour y arriver, car je trеbuchai dans les corrals entourеs de tetillal ; et l?, je dus faire rouler les robustes guaduas sur les marches branlantes. Deux noirs vinrent ? mon aide, un homme et une femme : lui n'еtait v?tu que d'une culotte, montrant son dos athlеtique luisant de la sueur particuli?re ? sa race ; elle portait un fula bleu et, en guise de chemise, un mouchoir nouе ? la nuque et nouе ? la ceinture, qui lui couvrait la poitrine. Ils portaient tous deux des chapeaux de roseau, de ceux qui, ? force d'?tre utilisеs, prennent rapidement une couleur de paille.

La paire rieuse et fumante n'allait pas faire moins que d'en dеcoudre avec une autre paire de poulains dont le tour еtait dеj? venu au flеau ; et je savais pourquoi, car je fus frappе par la vue non seulement du noir, mais aussi de son compagnon, armеs de rejos au lasso. Ils criaient et couraient quand je descendis sous l'aile de la maison, sans tenir compte des menaces de deux chiens inhospitaliers qui еtaient couchеs sous les si?ges du corridor.

Quelques harnais de roseaux effilochеs et des selles montеes sur les grilles suffirent ? me convaincre que tous les plans еlaborеs ? Bogota par Emigdio, impressionnе par mes critiques, s'еtaient brisеs contre ce qu'il appelait les cabanes de son p?re. En revanche, l'еlevage du petit bеtail s'еtait considеrablement amеliorе, comme en tеmoignaient les ch?vres de diffеrentes couleurs qui empestaient la cour ; et je constatai la m?me amеlioration chez les volailles, car de nombreux paons salu?rent mon arrivеe par des cris alarmants, et parmi les canards crеoles ou des marais, qui nageaient dans le fossе voisin, quelques-uns des soi-disant Chiliens se distinguaient par leur attitude circonspecte.

Emigdio еtait un excellent gar?on. Un an avant mon retour ? Cauca, son p?re l'envoya ? Bogota pour le mettre sur la voie, comme le disait le bonhomme, d'un marchand et d'un bon nеgociant. Carlos, qui vivait avec moi ? l'еpoque et qui еtait toujours au courant, m?me de ce qu'il ne devait pas savoir, tomba sur Emigdio, je ne sais o?, et le planta devant moi un dimanche matin, le prеcеdant lorsqu'il entra dans notre chambre pour lui dire : "Mec, je vais te tuer de plaisir : je t'ai apportе la plus belle des choses.

Je courus embrasser Emigdio qui, debout ? la porte, avait la figure la plus еtrange que l'on puisse imaginer. Il est insensе de prеtendre le dеcrire.

Mon compatriote еtait venu chargе du chapeau aux cheveux couleur cafе au lait que son p?re, Don Ignacio, avait portе pendant les semaines saintes de sa jeunesse. Qu'il soit trop serrе ou qu'il ait cru bon de le porter ainsi, l'objet formait un angle de quatre-vingt-dix degrеs avec la nuque longue et trapue de notre ami. Cette charpente maigre, ces favoris maigres et flasques, assortis ? la chevelure la plus dеconfite dans sa nеgligence que l'on ait jamais vue, ce teint jaun?tre qui p?le le bord de la route ensoleillеe, le col de la chemise dеsespеrеment rentrе sous les revers d'un gilet blanc dont les pointes еtaient dеtestеes, les bras coincеs dans les manches d'une veste en cuir, le tout dans une ambiance de f?te ; les bras pris dans les manches d'un manteau bleu, la culotte de chambray ? larges boucles de cordoue, et les bottes de peau de cerf polie, еtaient plus que suffisants pour exciter l'enthousiasme de Charles.

Emigdio portait dans une main une paire d'еperons ? grandes oreilles et dans l'autre un volumineux paquet qui m'еtait destinе. Je m'empressai de le dеcharger de tout, prenant un instant pour regarder sеv?rement Carlos qui, allongе sur un des lits de notre chambre, mordait un oreiller en pleurant ? chaudes larmes, ce qui faillit me mettre dans un embarras des plus f?cheux.

Je proposai ? Emigdio de s'asseoir dans le petit salon ; et tandis qu'il choisissait un canapе ? ressorts, le pauvre homme, se sentant couler, fit de son mieux pour trouver quelque chose ? quoi s'accrocher dans l'air ; mais, ayant perdu tout espoir, il se ressaisit du mieux qu'il put, et une fois sur ses pieds, il dit : "Je ne veux pas que tu me fasses de mal :

Qu'est-ce que c'est que ce bordel ! Ce Carlos n'est m?me pas capable de reprendre ses esprits, et maintenant ! Pas еtonnant qu'il riait dans la rue du coup qu'il allait me faire. Et toi aussi ? Eh bien, si ces gens-l? sont les m?mes diables, que penses-tu de celui qu'ils m'ont fait aujourd'hui ?

Carlos est sorti de la pi?ce, profitant de cette heureuse occasion, et nous avons pu rire tous les deux de notre aisance.

–Quel Emigdio ! dit-il ? notre visiteur, asseyez-vous sur cette chaise, qui n'a pas de pi?ge. Il est nеcessaire que vous teniez une laisse.

–Oui", rеpond Emigdio en s'asseyant avec mеfiance, comme s'il craignait un nouvel еchec.

Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? -Il a ri plus que Carlos ne l'a demandе.

Avez-vous vu ? J'еtais sur le point de ne pas leur dire.

–Mais pourquoi ? insista l'implacable Carlos en passant un bras autour de ses еpaules, dis-nous.

Emigdio s'est enfin mis en col?re et nous avons eu du mal ? le contenir. Quelques verres de vin et quelques cigares ratifi?rent notre armistice. En ce qui concerne le vin, notre compatriote fit remarquer que le vin orange fabriquе ? Buga еtait meilleur, et l'anis vert de la vente Paporrina. Les cigares d'Ambalema lui semblaient infеrieurs ? ceux qu'il portait dans ses poches, fourrеs dans des feuilles de bananier sеchеes et parfumеs avec des figues et des feuilles d'oranger hachеes.

Au bout de deux jours, notre Tеlеmaque еtait maintenant convenablement habillе et toilettе par Ma?tre Hilaire ; et bien que ses v?tements ? la mode le mettent mal ? l'aise, et que ses nouvelles bottes le fassent ressembler ? un chandelier, il dut se soumettre, stimulе par la vanitе et par Charles, ? ce qu'il appelait un martyre.

Une fois installе dans la maison o? nous vivions, il nous amusait, apr?s le d?ner, en racontant ? nos logeuses les aventures de son voyage et en donnant son avis sur tout ce qui avait attirе votre attention dans la ville. Dans la rue, c'еtait diffеrent, car nous еtions obligеs de le laisser ? lui-m?me, c'est-?-dire ? l'impertinence joviale des selliers et des marchands ambulants, qui couraient l'assiеger d?s qu'ils l'apercevaient, pour lui offrir des chaises Chocontan, des arretrancas, des zamarros, des bretelles et mille babioles.

Heureusement, Emigdio avait dеj? terminе toutes ses courses lorsqu'il a appris que la fille de la ma?tresse de maison, une fille facile, insouciante et rieuse, mourait d'envie de le voir.

Charles, sans s'arr?ter aux bars, rеussit ? le convaincre que Micaelina avait jusqu'alors dеdaignе les courtisaneries de tous les convives ; mais le diable, qui ne dort pas, fit surprendre ? Emigdio son enfant et sa bien-aimеe un soir dans la salle ? manger, alors qu'ils croyaient le malheureux endormi, car il еtait dix heures, heure ? laquelle il еtait habituellement dans son troisi?me sommeil ; habitude qu'il justifiait en se levant toujours de bonne heure, m?me s'il grelottait de froid.

Quand Emigdio vit ce qu'il avait vu et entendit ce qu'il avait entendu, ce qui, si seulement il n'avait rien vu ni entendu pour sa tranquillitе et la n?tre, il ne pensa qu'? accеlеrer sa marche.

Comme il n'avait rien ? me reprocher, il s'est confiе ? moi la veille du voyage et m'a dit, entre autres choses, ce qu'il avait ? se reprocher :

? Bogota, il n'y a pas de dames : ce sont toutes… des dragueurs ? sept semelles. Quand celle-ci l'a fait, qu'est-ce qu'on attend ? J'ai m?me peur de ne pas lui dire au revoir. Il n'y a rien de tel que les filles de chez nous ; ici, il n'y a que du danger. Tu vois Carlos : c'est un corpus altar, il se couche ? onze heures du soir, et il est plus imbu de lui-m?me que jamais. Laisse-le, je le dirai ? Don Chomo pour qu'il lui mette les cendres. J'admire de te voir ne penser qu'? tes еtudes.

Emigdio s'en va donc, et avec lui l'amusement de Carlos et Micaelina.

Tel еtait, en somme, l'honorable et amical ami auquel j'allais rendre visite.

M'attendant ? le voir arriver de l'intеrieur de la maison, j'ai cеdе la place ? l'arri?re, l'entendant me crier dessus alors qu'il sautait par-dessus une cl?ture pour entrer dans la cour :

–Enfin, imbеcile ! Je croyais que tu m'avais laissе t'attendre. Assieds-toi, j'arrive. Et il se mit ? laver ses mains ensanglantеes dans le fossе de la cour.

Que faisais-tu ? lui ai-je demandе apr?s nos salutations.

–Comme c'est aujourd'hui le jour de l'abattage, et que mon p?re s'est levе de bonne heure pour aller aux enclos, je rationnais les noirs, ce qui est une corvеe ; mais je ne suis pas occupеe maintenant. Ma m?re est tr?s impatiente de vous voir, je vais lui faire savoir que vous ?tes l?. Qui sait si on arrivera ? faire sortir les filles, parce qu'elles sont de plus en plus fermеes d'esprit.

–Choto ! cria-t-il ; et bient?t apparut un petit homme noir, ? moitiе nu, avec des sultanes mignonnes et un bras sec et cicatrisе.

–Emm?ne ce cheval au canot et nettoie le poulain pour moi.

Et se tournant vers moi, ayant remarquе mon cheval, il ajouta :

–Carrizo avec le retinto !

Comment le bras de ce gar?on s'est-il brisе comme ?a ? demandai-je.

–Ils sont si durs, ils sont si durs ! Il n'est bon qu'? s'occuper des chevaux.

On commen?a bient?t ? servir le dеjeuner, tandis que j'еtais avec Do?a Andrea, la m?re d'Emigdio, qui avait presque laissе son fichu sans franges, et pendant un quart d'heure nous rest?mes seuls ? parler.

Emigdio est allе enfiler une veste blanche pour s'asseoir ? table ; mais il nous a d'abord prеsentе une femme noire parеe d'une cape pastouze avec un mouchoir, portant une magnifique serviette brodеe suspendue ? l'un de ses bras.

La salle ? manger nous a servi de salle ? manger, dont l'ameublement еtait rеduit ? de vieux canapеs en peau de vache, quelques retables reprеsentant des saints de Quito, accrochеs en hauteur sur les murs pas tr?s blancs, et deux petites tables dеcorеes de coupes de fruits et de perroquets en pl?tre.

? vrai dire, il n'y avait rien de grandiose au dеjeuner, mais la m?re et les sCurs d'Emigdio savaient comment l'organiser. La soupe de tortillas aromatisеe aux herbes fra?ches du jardin, les bananes plantains frites, la viande r?pеe et les beignets de farine de ma?s, l'excellent chocolat local, le fromage de pierre, le pain au lait et l'eau servie dans de grandes cruches d'argent ne laissaient rien ? dеsirer.

Pendant que nous dеjeunions, j'ai aper?u l'une des filles par une porte entrouverte ; son joli petit visage, еclairе par des yeux noirs comme des chambimbes, laissait supposer que ce qu'elle cachait devait ?tre en parfaite harmonie avec ce qu'elle montrait.

J'ai pris congе de Mme Andrea ? onze heures, car nous avions dеcidе d'aller voir Don Ignacio dans les paddocks o? il faisait du rodеo, et de profiter du voyage pour prendre un bain dans l'Amaime.

Emigdio enl?ve sa veste et la remplace par une ruana filetеe ; il enl?ve ses bottes chaussettes pour mettre des espadrilles usеes ; il attache des collants blancs en peau de ch?vre velue ; il met un grand chapeau Suaza avec une couverture en percale blanche, et monte l'ovin en prenant la prеcaution de lui bander les yeux avec un mouchoir au prеalable. Comme le poulain se mettait en boule et cachait sa queue entre ses jambes, le cavalier lui cria : "Tu viens avec ta ruse !" en lui dеcochant aussit?t deux coups de fouet retentissants avec le lamantin Palmiran qu'il brandissait. Alors, apr?s deux ou trois corcovos, qui n'ont m?me pas fait bouger le monsieur sur sa selle de Chocontan, je suis montе et nous sommes partis.

Alors que nous arrivions sur le lieu du rodеo, distant de la maison de plus d'une demi-lieue, mon compagnon, apr?s avoir profitе du premier plat apparent pour tourner et gratter le cheval, entra dans une conversation ? b?tons rompus avec moi. Il dеballait tout ce qu'il savait sur les prеtentions matrimoniales de Carlos, avec qui il avait renouе des liens d'amitiе depuis qu'ils s'еtaient retrouvеs dans le Cauca.

Qu'en dites-vous ? finit-il par me demander.

J'ai sournoisement esquivе la rеponse et il a continuе :

–A quoi bon le nier ? Charles est un travailleur : une fois qu'il est convaincu qu'il ne peut pas ?tre planteur ? moins de mettre de c?tе ses gants et son parapluie d'abord, il doit bien se dеbrouiller. Il se moque encore de moi quand je fais du lasso, de la cl?ture et du barbecue pour les mules ; mais il doit faire la m?me chose ou dispara?tre. Ne l'avez-vous pas vu ?

–Non.

Crois-tu qu'il n'aille pas se baigner ? la rivi?re quand le soleil est fort, et que si on ne selle pas son cheval, il ne monte pas ? cheval, tout cela parce qu'il ne veut pas bronzer et se salir les mains ? Pour le reste, c'est un gentleman, c'est s?r : il n'y a pas huit jours qu'il m'a sorti d'un mauvais pas en me pr?tant deux cents patacones dont j'avais besoin pour acheter des gеnisses. Il sait qu'il n'y a rien ? perdre, mais c'est ce qui s'appelle servir ? temps. Quant ? son mariage… Je vais vous dire une chose, si vous me proposez de ne pas vous br?ler.

–Dis, mec, dis ce que tu veux.

–Dans votre maison, on semble vivre avec beaucoup de tonus ; et il me semble qu'une de ces petites filles еlevеes parmi les suies, comme celles des contes, a besoin d'?tre traitеe comme une chose bеnie.

Il rit et continue :

–Je dis cela parce que ce Don Jerоnimo, le p?re de Carlos, a plus de coquilles qu'un siete-cueros, et il est aussi dur qu'un piment. Mon p?re ne peut pas le voir car il l'a impliquе dans un conflit foncier et je ne sais quoi d'autre. Le jour o? il le trouve, le soir, nous devons lui donner des onguents de yerba mora et le frictionner avec de l'aguardiente et du malambo.

Nous еtions arrivеs sur le site du rodеo. Au milieu du corral, ? l'ombre d'un guаsimo et ? travers la poussi?re soulevеe par les taureaux en mouvement, je dеcouvris Don Ignacio, qui s'approcha pour me saluer. Il montait un quarter horse rose et grossier, harnachе d'une еcaille dont l'еclat et la dеcrеpitude proclamaient ses mеrites. La maigre figure du riche propriеtaire еtait ainsi dеcorеe : de minables pauldrons de lion ? tiges ; des еperons d'argent ? boucles ; une veste de drap dеfait et une ruana blanche surchargеe d'amidon ; pour couronner le tout, un еnorme chapeau Jipijapa, de ceux qu'on appelle quand le porteur galope : Sous son ombre, le grand nez et les petits yeux bleus de Don Ignacio jouaient le m?me jeu que sur la t?te d'un paletоn empaillе, les grenats qu'il porte en guise de pupilles et le long bec.

J'ai racontе ? Don Ignacio ce que mon p?re m'avait dit au sujet du bеtail qu'ils devaient engraisser ensemble.

Il rеpondit : "C'est bon, dit-il, tu vois bien que les gеnisses ne peuvent pas ?tre meilleures : elles ressemblent toutes ? des tours. Tu ne veux pas entrer et t'amuser un peu ?

Les yeux d'Emigdio s'еcarquillent en regardant les cow-boys ? l'Cuvre dans le corral.

–Ah tuso ! cria-t-il ; "Attention ? ne pas desserrer le pial.... A la queue ! ? la queue !

Je me suis excusе aupr?s de Don Ignacio, le remerciant en m?me temps ; il a continuе :

Rien, rien ; les Bogotanos ont peur du soleil et des taureaux fеroces ; c'est pourquoi les gar?ons sont g?tеs dans les еcoles de l?-bas. Ne me laissez pas vous mentir, ce joli gar?on, fils de Don Chomo : ? sept heures du matin, je l'ai rencontrе sur la route, enveloppе dans un foulard, de sorte qu'un seul Cil еtait visible, et avec un parapluie !.... Vous, ? ce que je vois, vous n'utilisez m?me pas ce genre de choses.

A ce moment, le cow-boy criait, la marque au fer rouge ? la main, l'appliquant sur la palette de plusieurs taureaux couchеs et attachеs dans le corral : "Un autre… un autre".... Chacun de ces cris еtait suivi d'un mugissement, et Don Ignacio utilisait son canif pour faire une entaille de plus sur un b?ton de guasimo qui servait de foete.

Comme le bеtail pouvait ?tre dangereux lorsqu'il se levait, Don Ignacio, apr?s avoir re?u mes adieux, s'est mis ? l'abri en entrant dans un corral voisin.

L'endroit choisi par Emigdio sur la rivi?re еtait le meilleur endroit pour profiter de la baignade qu'offrent les eaux de l'Amaime en еtе, surtout au moment o? nous avons atteint ses rives.

Des guabos churimos, sur les fleurs desquels flottent des milliers d'еmeraudes, nous offraient une ombre dense et une liti?re de feuilles amortissantes o? nous еtendions nos ruanas. Au fond de la profonde piscine qui s'еtendait ? nos pieds, m?me les plus petits cailloux еtaient visibles et des sardines argentеes s'y еbattaient. En contrebas, sur les pierres non recouvertes par les courants, des hеrons bleus et des aigrettes blanches p?chaient ? l'Cil ou peignaient leur plumage. Sur la plage en face, de belles vaches еtaient couchеes, des aras cachеs dans le feuillage des cachimbo jacassaient ? voix basse, et allongеs sur les hautes branches, un groupe de singes dormaient dans un abandon paresseux. Les cigales rеsonnent partout de leurs chants monotones. Un ou deux еcureuils curieux passaient ? travers les roseaux et disparaissaient rapidement. Plus loin dans la jungle, nous entendions de temps en temps le trille mеlancolique des chilacoas.

Accroche tes collants loin d'ici", dis-je ? Emigdio, "sinon nous allons sortir du bain avec un mal de t?te.

Il rit de bon cCur et m'observe alors que je les dеpose sur la fourche d'un arbre lointain :

Voulez-vous que tout sente la rose ? L'homme doit sentir la ch?vre.

–S?rement ; et pour prouver que vous y croyez, vous portez dans vos collants tout le musc d'un chevrier.

Pendant notre bain, que ce soit la nuit et les rives d'un beau fleuve qui m'aient donnе envie de me confier ? lui, ou que ce soit parce que j'avais laissе des traces pour que mon ami se confie ? moi, il m'avoua qu'apr?s avoir gardе quelque temps le souvenir de Micaelina comme une relique, il еtait tombе еperdument amoureux d'une belle ?apanguita, faiblesse qu'il essayait de cacher ? la malice de Don Ignacio, puisque ce dernier chercherait ? le contrarier, parce que la jeune fille n'еtait pas une dame ; Et il finit par raisonner ainsi :

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